Le second tour des primaires socialistes nous inspire quelques questions :
Premièrement, ce n’était pas une innovation : chaque parti connaît l’organisation de primaires, ce fût le cas à plusieurs reprises à l’UMP. Cependant pour la première fois, celles-ci ont été élargies au-delà du parti socialiste, qui évidemment, ne compte pas 2,7 Millions d’adhérents. En cela, cette expérience rejoint le mode d’élections des Etats-Unis, et on peut dire qu’il s’agit d’une véritable révolution du fonctionnement de notre démocratie française.
Doit-on en conclure que c’est l’annonce de la fin des partis politiques ?
Deuxièmement, la volonté pour les socialistes d’organiser ces primaires citoyennes démontre que ce parti n’avait pas de leader naturel à la différence de l’UMP.
Effectivement, on peut considérer que les trois principaux candidats, François HOLLANDE, Martine AUBRY, et Ségolène ROYAL sont très semblables, puisqu’ils sont tous énarques, (de la même promotion) et appartiennent à la génération à MITTERAND.
Ainsi en fait, les militants n’avaient le choix qu’entre plusieurs apparatchiks formés dans le même moule. L’élection de l’un d’entre eux démontre, une fois encore, que dans notre pays, à gauche comme à droite, il est très difficile de faire émerger une nouvelle génération d’élus ; Arnaud MONTEBOURG et Manuel VALLS en ont fait les frais. Cela doit-il continuer ?
Troisièmement, il conviendra aux sociologues et aux politologues d’analyser quelle a été la part du choix des électeurs au second tour, entre l’homme ou la femme.
Doit-on déduire du résultat qu’il est toujours difficile aux femmes d’accéder au plus haut niveau en politique ?
Quatrièmement, le choix final de François HOLLANDE qui a très habilement utilisé le flou démagogique, notamment, lors du dernier débat, l’opposant à une Martine AUBRY, beaucoup plus pragmatique et réaliste, nous démontre encore une fois, le triomphe du politiquement correct, de la langue de bois, au détriment d’une parole vraie et sincère, et surtout réaliste.
Peut-on considérer, qu’encore aujourd’hui, les français ne souhaitent pas entendre un langage de vérité, ce langage de vérité qui a sanctionné Manuel VALLS au premier tour ? Si tel était le cas, ce serait éminemment regrettable pour la démocratie.
A cet égard, on ne peut que déplorer qu’aucune idée novatrice, ni de véritable réponse n’ait été apportée par le candidat François HOLLANDE à la crise.
Cinquièmement, encore une fois, on ne peut que constater l’énorme couverture médiatique accordée à ces primaires du parti socialiste, confisquant le débat politique au profit d’une seule tendance politique, ce qui pose tout de même, un véritable problème à l’exercice des libertés publiques par l’absence totale de voix pour porter la contradiction.
On peut par ailleurs, souligner à contrario, que le parti majoritaire au pouvoir a tout mis en œuvre pour faciliter l’organisation matérielle de ces élections, ce qui démontre de sa part une grande tolérance et maturité politique.
A présent, va enfin venir le temps du vrai débat avec un candidat socialiste qu’il ne faut pas sous-estimer, mais dont on attend aujourd’hui qu’il se livre davantage sur son projet pour la France jusqu’à présent renvoyé à demain. Il ne peut pas, plus longtemps en effet, reporter la solution des grands problèmes qui se posent à notre pays, à la concertation et à la réflexion.
On espère tout de même qu’il a quelques idées sur le sujet.
Brigitte Barèges
Député de Tarn-et-Garonne
Maire de Montauban