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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 06:45

TGV_768.jpgAlain Rousset est heureux du lancement du projet Tours-Bordeaux. Mais plaide pour un financement public au-delà.

Alain Rousset (1). C'est d'abord une satisfaction. La bataille que je mène avec beaucoup d'autres depuis des années, et que les Aquitains ont validée, est en partie gagnée car il ne s'agit que du premier tronçon. C'est aussi un soulagement, car les peaux de banane multiples et les retards pris mettaient le tronçon Tours-Bordeaux en danger. Le projet breton allait nous passer devant. Les crédits sont rares et nous sommes objectivement en compétition. C'est peut-être regrettable, mais c'est la réalité. J'aurais enfin préféré que les quatre régions concernées, dont Poitou-Charentes, votent dans le même sens, même si le système de financement est critiquable. Pour ce qui est de l'Aquitaine, les Pyrénées-Atlantiques se sont engagées sous l'impulsion de Georges Labazée. Les Landes vont délibérer. Et la Dordogne, qui n'est pas concernée par le tracé, rappelons-le, mène une négociation serrée avec l'État.

Au fond, que va apporter selon vous la LGV à l'Aquitaine ?

Ce sera, à terme, un désenclavement massif de l'Aquitaine par rapport à l'Europe du Nord et à l'Espagne, avec qui notre relation sera demain bouleversée. Ce sera bon pour notre attractivité économique. Je rappelle que Bordeaux a perdu début 2000, au profit de Nantes, l'accueil de la direction informatique de la SNCF. C'est aussi bon pour l'environnement. Nous allons enfin pouvoir mettre des camions sur la voie ferrée actuelle. Les gains de temps seront importants : 2 heures pour aller demain de Bordeaux à Paris, 4 pour aller à Madrid, 1 h 40 pour rejoindre Bilbao. Demain, on pourra faire travailler ensemble les deux aéroports de Bordeaux et de Toulouse. C'est enfin offrir aux Aquitains une possibilité de privilégier le train ou l'avion à la voiture.

Tout cela valait 600 millions d'euros de crédits régionaux ?

Le système de la participation des collectivités locales a été instauré par Jean-Claude Gayssot quand il était ministre il y a dix ans. On peut le critiquer. Mais que proposer d'autre ?

Dans nos régions, c'est l'intérêt général pour nos populations. Ces sommes seront remboursées sur 40 ans. Nous sommes aussi sur le point de recruter un cabinet-conseil qui supervisera l'exploitation de la ligne. Si elle est rentable, nous aurons des retours.

Vous êtes devenu un fan de la concession ?

Non, loin de là. Les taux de profit sont élevés. Et c'est l'usager ou le contribuable qui, au final, devront rémunérer l'actionnaire. Pour ces grands projets, la concession n'a pas d'avenir. Même au plus haut niveau de l'État, je crois que l'on s'est rendu compte qu'il ne sera pas possible de financer les développements de la ligne selon le même schéma. On ne pourra plus financer de la même façon des projets d'un tel niveau d'investissement.

Il faudra revoir demain la dette de Réseau ferré de France (RFF), à qui nous devrons donner de nouvelles capacités financières. Je suis favorable au rapprochement de RFF et de la SNCF via une holding commune, comme en Allemagne. Ce que l'on a su faire pour la recherche et l'université avec le grand emprunt, on doit pouvoir le faire demain pour les grands projets d'infrastructures.

(1) Président du Conseil régional d'Aquitaine.

Le Sud Ouest
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