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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 08:39

TGV_1343.jpgLe triton de Blasius a ralenti l'avancée de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Ce n'est plus le cas.

L'arrêté porte le numéro 2012345-0009. Il a été signé le 10 décembre par Thérèse James, la responsable de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de la région Poitou-Charentes (Dreal). Ce texte, très officiel, publié le 20 décembre dans le recueil administratif spécial n° 71, autorise la socité Lisea à déroger à l'interdiction de destruction de spécimens de triton de Blasius (triturus Blasii) dans le cadre du chantier de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux.

Le triton de Blasius est une espèce protégée, dont on avait beaucoup parlé en septembre dernier. Souvenez-vous : quand un amphibien d'une quinzaine de centimètres entrave la bonne marche du chantier du siècle, cela fait du bruit !

La bestiole et les chômeurs

L'affaire avait été révélée par « Le Figaro », sous la plume de Jean-Yves Guéri. Notre confrère rapportait que la découverte de ce curieux triton dans une mare de Plibou, petite commune des Deux-Sèvres, avait stoppé les travaux pendant au moins quinze jours. Il faut ici préciser que la bestiole - rarissime - est un urodèle qui résulte de l'hybridation entre le triton crêté et le triton marbré.

L'information aurait pu rester confidentielle et insolite si Erik Leleu, le directeur des ressources humaines du consortium Cosea, n'avait pas déploré les conséquences économiques d'une telle déconvenue. « Cet été, déclarait-il, nous avons recruté 400 chômeurs de longue durée alors que nous avions prévu d'en embaucher 600 ! »

Cela tombait d'autant plus mal que ce jour-là, Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, rendait visite aux ouvriers de la LGV, à Poitiers et à Angoulême. « Dans cette affaire, s'emportait le syndicaliste, j'ai l'impression que l'on préfère les tritons aux chômeurs ! » Ambiance.

Virginie Léonard, une élue écologiste des Deux-Sèvres, avait beau appeler à la raison et rappeler que « la faune et la flore méritent quelques considérations », la machine médiatique était lancée. Dans l'empressement, on prêta à un proche collaborateur du préfet de Région des propos alarmistes. Le triton de Blasius allait clouer le chantier pendant au moins cinq mois et mettre 1 300 employés au chômage technique ! Cela était très exagéré. Il n'en fut rien. Le dossier fut confié à la ministre de l'Écologie en personne, Delphine Batho. Puis le 17 septembre, Yves Dassonville, le préfet de Poitou-Charentes, mettait en place un Comité interdépartemental de suivi des mesures compensatoires. Ce dispositif au nom barbare s'intéresse à la dimension environnementale du chantier et aux obligations légales du concessionnaire Lisea et du constructeur Cosea.

Ces derniers vont offrir 2 000 hectares aux espèces protégées. Le triton de Blasius coulera des jours paisibles dans de nouvelles mares. D'autres animaux comme la chouette chevêche, la salamandre tachetée et l'outarde canepetière trouveront également de nouveaux habitats.

Le Sud Ouest

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