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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 07:28

francois-fillon4INTERVIEW – L’ancien premier ministre François Fillon met en garde contre le risque d’implosion de l’UMP en cas de victoire de son adversaire pour la présidence du parti, dimanche.

LE FIGARO.- Qu’est-ce qui vous différencie de Jean-François Copé ?François FILLON. - Il est important que les militants comprennent que ce n’est pas seulement une question de personnes: il y a deux lignes politiques. L’une rétrécit l’UMP, l’autre, la mienne, vise à l’élargir. Ou, au moins, à préserver ce qui était le projet des fondateurs de l’UMP, faire vivre dans la même famille des valeurs qui vont du centre jusqu’à la droite de la droite.Les amis de Copé vous demandent de vous expliquer sur votre allusion à ses «origines»…Assez des manipulations! Depuis six mois, j’entends les critiques sur ma personne. Elles me laissent de marbre. Moi, je n’ai jamais attaqué Jean-François Copé. J’ai montré beaucoup de patience face à ceux qui ont cherché à freiner ma candidature, qui n’ont pas hésité à utiliser la logistique de notre parti pour faire leur campagne et qui essaient de détourner mes propos. Cet été, Jean-François Copé avait parlé du sauvetage de sa famille par des Justes pendant la guerre comme de l’acte fondateur de son engagement. Son histoire m’avait ému. C’est lui faire honneur de penser que cette histoire en fait un adversaire irréductible des thèses de l’extrême droite. Détourner mon propos est odieux et terriblement stupide.Comment comptez-vous réconcilier la famille UMP si vous êtes élu dimanche ?J’évite de me projeter dans une situation qui n’est pas acquise. Mais si les militants me font confiance, je proposerai d’associer à la direction toutes les personnalités de notre famille, dont bien sûr Jean-François Copé, mais aussi les candidats à la candidature. Le parti a besoin d’une sorte de gouvernement, un lieu où toutes les sensibilités doivent pouvoir participer à la définition de la ligne politique.

 

Pourquoi les électeurs de Nicolas Sarkozy s’intéressent-ils aussi peu à cette campagne, selon les sondages ?

Après la défaite, il eût été préférable d’organiser plus vite ce scrutin, mais les statuts encadraient nos règles. Pour autant, je ne ressens aucun désintérêt de la part des militants. Je n’ai jamais vu une telle affluence dans les salles pour un enjeu interne.

Si Sarkozy décidait de revenir pour 2017, l’affronteriez-vous en primaire ?

Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je serai candidat aux primaires de 2016 si j’ai la conviction que ma candidature a le plus de chances de l’emporter. Sinon, je ne me présenterai pas car mon objectif est de servir notre victoire. Je serai aux côtés de celui ou celle qui a le plus de chances de l’emporter.

Si vous êtes battu dimanche, serez-vous tout de même candidat à la primaire ?

Je ne sais pas. Si je n’avais pas la confiance des militants, après avoir été chef de la majorité pendant cinq ans, je me poserais certaines questions. Si j’estime que mon devoir est toujours de me présenter à ces primaires, je le ferai. Je veux être utile à notre cause. Je ne suis pas animé par des ambitions personnelles.

Si vous ne vous présentez pas aux municipales à Paris, peut-il ne pas y avoir de candidat UMP ?

J’ai déjà dit que je m’exprimerai après les élections à l’UMP. Pour le reste, il me paraît impossible que la première formation politique de France n’ait pas de candidat dans la première ville de France. De toute façon, je me suis engagé à donner aux militants le pouvoir de choisir leur candidat par des primaires.

L’UMP risque-t-elle d’imploser si Jean-François Copé est élu ?

Si l’UMP ne regarde que sur sa droite, oui, il y aura un problème avec les centristes! On est au cœur de la question de la ligne politique. Certains pensent que notre parti doit essentiellement agir sur sa droite pour regagner la France. Moi, je dis que pour regagner la France, il faut agir à droite, au centre et même sur la gauche pour convaincre les Français qui ont voté PS et s’en mordent les doigts. Je ne découpe pas la France en tranches, je la prends comme un bloc! Mon objectif c’est de rassembler le plus de Français autour de l’UMP pour gagner et redresser notre pays.

Comment empêcher des alliances entre candidats UMP et FN aux municipales ?

À la minute où un accord aurait lieu, la moitié des électeurs de l’UMP se détournerait de nous. C’est un faux calcul. On ne peut pas s’allier avec un parti qui reste présidé, même symboliquement, par quelqu’un pour qui les chambres à gaz sont un détail. Un parti qui veut augmenter tous les salaires, revenir à la retraite à 60 ans, sortir de l’euro… Je n’accepterai aucun accord, ni national ni local. En revanche, je veux parler aux électeurs du Front national, qui n’ont pas à être ostracisés. Je veux les convaincre que le parti de l’autorité républicaine, c’est l’UMP.

La hausse du chômage annoncée par François Hollande peut-elle être évitée ?

Pas en menant cette politique. Aujourd’hui, le minimum pour réorienter notre économie sur la voie de la croissance serait d’agir simultanément sur la hausse du temps de travail, la baisse des charges, la réforme de l’indemnisation du chômage, tout en revenant sur les hausses d’impôts des entreprises. En 2013, elles vont prendre de plein fouet les 11 milliards d’impôts supplémentaires. Certaines auront peut-être, si elles sont sages, un crédit d’impôt qui ne sera effectif qu’en 2014. Aucune condition n’est réunie pour que le chômage baisse en 2013, ni même en 2014. En plus, François Hollande a quasiment annoncé une hausse à venir de la CSG!

Si la droite revient au pouvoir, pourra-t-elle «démarier» des couples homos ?

Pour l’instant, j’espère que ce texte ne sera pas adopté. Si je suis élu président de l’UMP, j’organiserai un débat public contradictoire avec des experts et des associations dans chaque département. François Hollande l’a refusé: il met en avant la reconnaissance de l’amour homosexuel et de ses conséquences en matière de protection du couple, qui ne pose aucun problème de principe, en occultant les conséquences sur la structuration de la société. Il faut faire monter dans le pays une prise de conscience de la modification programmée de la filiation. Si ce texte est voté, il ne s’agira pas de «démarier» qui que ce soit, mais si l’on est, comme moi, philosophiquement totalement hostile à l’adoption par les couples homosexuels et à l’idée de la procréation médicalement assistée, on aura le devoir si l’on est élu d’y mettre fin. Et de revenir sur cette question de l’appellation de père et de mère, qui est bien plus qu’un symbole.

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