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20 mai 2010 4 20 /05 /mai /2010 05:50
lasterle.jpgSauvegarder notre système de retraite tout en préservant la compétitivité de nos entreprises : c'est le double défi que nous devons relever, et c'est possible !

Philippe LASTERLE, référent retraite de l’UMP 31, répond aux questions du Petit Journal.

 

Le Petit Journal : Pourquoi faut-il réformer notre système de retraite ?

Philippe Lasterle : Parce qu’il est en danger, parce que les Français y sont attachés et parce que jeter un voile pudique sur les problèmes auxquels il est confronté aurait pour double conséquence inéluctable d’abaisser le niveau des pensions (ce qui est socialement inacceptable) et d’alourdir la dette publique (ce qui est économiquement insupportable). Notre système de retraite est né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il repose sur le principe de solidarité entre les générations et constitue l’un des piliers de notre contrat social. Il fonctionne par répartition, ce qui signifie que les cotisations des actifs d’aujourd’hui servent à payer les pensions des retraités d’aujourd’hui et permettent aux actifs d’acquérir des droits à pension. Au régime de base est progressivement venu s’ajouter un régime complémentaire pour les salariés du secteur privé, devenu obligatoire en 1972. En dépit de sa complexité, de la multiplicité des régimes (public, privé, artisans, exploitants agricoles, professions libérales...) et de l’existence de régimes dits spéciaux, notre système a très bien fonctionné pendant plus de cinquante ans, permettant, en particulier, aux retraités d’améliorer leur niveau de vie et aux plus fragiles d’entre eux de bénéficier d'un « minimum vieillesse ». Aujourd’hui, les retraités ont ainsi un niveau de vie quasi équivalent à celui des actifs. Quelques chiffres qui parlent d’eux-mêmes. On compte près de 15 millions de retraités, dont 1,7 million issus de la fonction publique et 1 million de bénéficiaires du « minimum vieillesse » (qui s’élève à 709 euros/mois pour une personne seule et 1157 euros/mois pour un couple). La retraite moyenne atteint (public et privé confondus) 1 350 euros/mois. L’âge moyen de liquidation, c’est-à-dire l’âge de départ effectif à la retraite, est de 61,5 ans. Le total des prestations versées chaque année au titre des pensions atteint (tous régimes confondus) 272 milliards d’euros (176 milliards au titre du régime de base, 62 milliards au titre des régimes complémentaires et 34 milliards au titre des pensions de la fonction publique). C'est considérable. C’est plus que les dépenses de l’Etat (240 milliards) ou de l’assurance-maladie (162 milliards). Cela représente 13 % du PIB. C’est dire l’importance des retraites dans notre économie et dans le bien-être de tous.

Notre système de retraite par répartition est un élément essentiel de notre contrat social. Il faut le sauvegarder.



Le Petit Journal : Alors, que faire pour sauvegarder le système ?

Philippe Lasterle : Le dossier est complexe. Mais il y a aujourd’hui consensus sur le diagnostic et sur les enjeux. Il convient de s’entendre sur les moyens à mettre en œuvre. Et, pour cela, il faut jouer cartes sur table et explorer toutes les pistes. A cet égard, le ministre du Travail, Eric WOERTH, a récemment déclaré que "tout est ouvert". Quels sont les leviers, les paramètres que l’on peut actionner ? Il y la durée de cotisation (164 trimestres en 2012), le taux de cotisation (il s’établit à 16,65 % pour le régime de base et a pratiquement doublé depuis 1967), l’assiette (certains revenus ne sont pas assujettis aux cotisations vieillesse), l’âge légal du départ à la retraite (il est fixé à 60 ans depuis 1982 alors que la plupart des pays européens l’ont fixé à 65 ans) et le salaire de référence servant de base au calcul des pensions (la situation du public apparaît à certains comme un privilège). Il convient certainement de déplacer certains curseurs afin de trouver la meilleure architecture, celle qui garantira le financement durable du système sans alourdir exagérément les prélèvements obligatoires (43 % actuellement). Il n'y pas de solution miracle, de panacée. Les marges sont limitées. La voie est étroite. Mais les solutions existent. Le COR a ainsi calculé qu’en fixant à 63 ans l’âge légal du départ à la retraite - âge raisonnable étant donné les gains d’espérance de vie - nous dégagerions 6 milliards d’euros. Combinée à d’autres mesures, telle que l’allongement de la durée de cotisation, elle serait, de l’avis de tous les experts, une mesure efficace. A l’inverse, la hausse des cotisations risque d’alourdir le coût du travail et donc de pénaliser les entreprises. Il convient donc d’agir de façon mesurée pour trouver la meilleure combinaison. Deux autres pistes doivent aussi être creusées. D’abord, l’amélioration du taux d’emploi des jeunes, via la promotion de l'apprentissage par exemple, et celui des seniors, par le biais d’une politique de formation continue mieux ciblée et du cumul emploi/retraite. Ensuite, l’instauration de recettes supplémentaires à travers, par exemple, la taxation des revenus du capital. Cette piste a été avancée par le Président de la République lors du sommet social à l’Elysée le 10 mai. Enfin, une question importante – je veux parler de la pénibilité – devra faire l’objet d’une réflexion spécifique car il est légitime de vouloir partir plus tôt à la retraite lorsque l’on a exercé une profession pénible (travail de nuit, exposition à des matières dangereuses…).

Les marges de manœuvre sont limitées. Mais des solutions existent. Le pire serait de ne rien faire.

 

Le Petit Journal : La réforme pourra-t-elle être votée d’ici la fin de l’année ?

Philippe Lasterle : Je le crois et je le souhaite. Le Président de la République et le Premier Ministre veulent réussir cette réforme. Ils ont pour cela fixé un calendrier clair qui s’articule en trois temps : celui de la concertation (nous y sommes), celui de la discussion au Parlement (à la rentrée) et celui du vote (attendu pour le mois d’octobre). Les partenaires sociaux sont conscients des enjeux. Quant aux Français, ils la soutiendront si elle est bien expliquée et si les efforts sont équitablement partagés. A cet égard, les parlementaires, dont le régime de retraite est relativement avantageux, pourraient utilement montrer l’exemple. Equité et pédagogie sont donc les deux conditions de la réussite. J’en ajoute une troisième : la nécessité de positiver et non pas de politiser cette réforme. Je veux dire par-là que la réforme des retraites n’est ni une réforme de droite ni une réforme de gauche. C’est une réforme de bon sens et de responsabilité vis-à-vis des actifs et des retraités.

Les seniors ne sont pas une charge mais une chance pour notre pays.

 

Le Petit Journal : Un mot pour terminer ?

Philippe Lasterle : Je voudrais dire que les seniors ne sont pas une charge pour le pays mais une chance. Ils sont des acteurs majeurs de notre société, de notre économie. Ils sont au cœur des solidarités familiales, de la vie associative... Bref, ils sont un maillon fort de notre société. Cette réforme, qui s’appliquera aux retraités de demain, est un pari sur l’avenir. Il vaut la peine d’être relevé.

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