"Les propositions faites aux gens du voyage ne leur conviennent pas. Ils ont eux-mêmes fait une proposition, rejetée. Du coup, ils restent stationnés illégalement à Quint-Fonsegrives.

Ce matin, les gens du voyage occupent toujours l'aire de loisirs où ils se sont installé jeudi, sur la commune de Quint-Fonsegrives, dans l'est toulousain. À huit jours de la venue du ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, invité d'un rassemblement de l'UMP 31 le 18 septembre, la situation n'a donc pas évolué.

Hier, le préfet de Haute-Garonne a pourtant proposé aux commerçants forains un autre terrain, sur la zone industrielle de Montredon, à l'Union. Mais ce terrain a été jugé « insalubre » par les gens du voyage. « C'est un tas de boue, estime l'un de leurs représentants. Il y a des déchets, des sacs poubelle qui traînent. »

Après ce refus, trois représentants de la communauté se sont rendus à Blagnac, hier en milieu d'après-midi, afin de proposer leur propre solution : un terrain dégagé, recouvert d'herbe jaunie par la chaleur, enclavé entre la D902, dite « Voie lactée », et l'usine Airbus.

« Des gens du voyage ont résidé sur ce terrain pendant deux semaines cet été », affirment les représentants des forains, sur place. L'unique accès à la zone a cependant été coupé par les services de la ville de Blagnac, pour éviter leur occupation abusive. Après deux heures d'incertitude, un colonel de gendarmerie en personne est venu annoncer aux forains que l'accès à ce terrain leur était refusé.

Pour justifier ce refus, les autorités et la mairie de Blagnac avancent que juste en face de ce terrain, un autre a été occupé dégradé dernièrement. 20 000 € de dégâts y ont été commis, selon la mairie de Blagnac. « Mais nous, nous ne sommes pas des sauvages, nous nettoyons à chaque fois », répondent les forains. Le climat se tend, puis s'apaise avec l'intervention posée du colonel de gendarmerie. Des poignées de main sont échangées entre les gens du voyage et les forces de l'ordre.

« Mais nous restons méfiants. Ils nous disent que le terrain (de Montredon à L'Union, Ndlr.) a été nettoyé, nous voulons voir cela de nos propres yeux », disent les forains, avant de repartir vers Quint-Fonsegrives. Pour sa part, la directrice de cabinet du préfet reste inflexible sur l'occupation du terrain de Quint-Fonsegrives : « Pour nous, il n'y aura pas d'autre proposition. Nous allons continuer à discuter, mais l'attitude des forains ressemble à de la surenchère. Si aucune sortie de crise ne devait être trouvée, il n'y aura pas d'autre solution que l'évacuation par la force. »

Aucune aire de grand passage

Il n'y a aucune aire de grand passage en Haute-Garonne. Pourtant, le schéma départemental de 2003 en prévoyait 5, dont 3 dans l'arrondissement de Toulouse. « Que les villes se conforment à la loi, avant de nous traiter comme des hors-la-loi », clament les gens du voyage. « Dans le cadre de la révision de ce schéma départemental, en s'appuyant notamment sur les intercommunalités, nous voulons pousser les communes à remplir leur devoir, répond Anne-Gaëlle Baudoin-Clerc, directrice de cabinet du préfet. L'État fait son travail, mais en l'état actuel des choses, nous ne pouvons pas aller au-delà du pouvoir de conviction en direction des collectivités. » Aveu d'impuissance ?

Le chiffre : 50

caravanes > Gens du voyage. Ces commerçants forains menacent d'en amener « 100 de plus » si leur demande n'est pas satisfaite.

La Dépêche du Midi du 110910