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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 06:20

TGV_586.jpgHier, l'assemblée plénière du conseil régional a confirmé sa participation au tour de table financier Tours-Bordeaux. Mais le projet peine à voir le jour tant du côté du partenaire privé Vinci que des 57 collectivités locales sollicitées.

Le projet de TGV Tours-Bordeaux qui tarde tant à voir le jour pourrait bien être la confirmation du climat de plus en plus tendu entre l'État et les collectivités territoriales. Ces trois cents kilomètres de voie à grande vitesse, dont la construction et l'exploitation ont été confiées au major du BTP Vinci, ne réunit pas les partenaires publics et privés dans un esprit de franche camaraderie. Le tour de table financier qui devait être bouclé fin 2010, a dû être différé au 1er semestre 2011, retardant d'autant la mise en service de cette LGV promise initialement pour 2016. Les relations se sont tendues au fil des semaines entre un État de plus en plus désengagé, Réseau Ferré de France qui traîne lui-même un déficit de 28 milliards d'euros, et des collectivités toujours plus préoccupées par les conditions de financement des grands chantiers structurants. La cure d'austérité que s'impose l'État rime mal avec les contraintes qui pèsent sur les budgets des Régions et des départements. Sans compter que le groupe Vinci, qui doit investir pour 3 milliards d'euros, n'a pas lui-même obtenu l'accord de ses banques pour le financement d'une opération d'autant plus lourde que les retards font inexorablement grimper les coûts.

Apparaît aussi problématique la participation financière des 56 collectivités locales concernées par cette opération. Jamais leur concours n'avait été aussi fort pour un chantier de cette nature puisqu'elles interviennent à hauteur de 19 % dans un projet qui pèse 7 milliards d'euros. Et comme certaines collectivités refusent de se plier à la règle du partage, la notesera d'autant plus salée encore pour les autres.

Au final, il pourrait bien manquer environ 100 millions d'euros. Voilà quinze jours encore, la présidente de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, avait remis en cause l'apport de 95 millions prévu dans le bouclage de la LGV Tours-Bordeaux au motif que ce n'était pas aux Régions de payer.

Si le futur chantier Tours-Bordeaux semble à priori bien éloigné de nos préoccupations géographiques, il reste pourtant la clé qui permettra de déverrouiller enfin le projet de ligne à grand vitesse Bordeaux-Toulouse. Contraintes de financer cette portion de ligne qui mettra Paris à 2 heures de Bordeaux, et, à terme, Toulouse à 3 h 05, Midi-Pyrénées n'a jamais dissimulé ses craintes que le projet puisse lui échapper. En mai 2010 déjà, la Région présidée par Martin Malvy, le conseil général de Haute-Garonne et le Grand Toulouse avaient indiqué qu'ils étaient prêts à « reporter leurs financements de Bordeaux-Tours s'ils n'étaient assurés de la réciprocité pour Bordeaux-Toulouse ».

Depuis, le dossier n'a guère évolué et continue de diviser, comme on l'a vu hier au Conseil régional à l'occasion des travaux de l'assemblée plénière.

Le chiffre : 6,7

milliards d'euros> Tours-Bordeaux. Le tour de table financier n'est toujours pas bouclé pour ce chantier de 6,7 milliards d'euros. La mise à grande vitesse de cette portion de 300 km est la clé indispensable pour ouvrir la voie à la LGV Bordeaux-Toulouse.

« La convention signée hier pour Tours-Bordeaux confirme notre condition: notre participation ne sera versée qu'au 1er coup de pioche du tronçon Bordeaux-Toulouse.» Martin Malvy, région Midi-Pyrénées.


Participation âprement négociée

Réunie hier sous la présidence de Martin Malvy, le conseil régional a finalement approuvé la convention de financement et de réalisation du tronçon Tours-Bordeaux de la Ligne à Grande Vitesse Sud Europe-Atlantique (LGV SEA).

Cependant, la Région a âprement négocié sa participation avec les autres partenaires, afin d'entourer de multiples garanties et conditions sa contribution de 102 millions d'euros. Martin Malvy a indiqué avoir menacé jusqu'au bout l'État de ne pas soumettre la convention au vote régional.

Donnant-donnant

« La convention signée prévoit ce que nous avions posé comme condition : nous ne verserons que 60 à 70 % des 102 M€ qui constituent notre participation. Le pourcentage restant ne sera acquis à l'État qu'au premier coup de pioche des travaux du tronçon Bordeaux-Toulouse… » Selon Martin Malvy, la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP-Grenelle), en apportant 210 M€ à la Région d'ici 2017, devrait couvrir l'investissement régional sur Tours-Bordeaux, avec également la possibilité de poursuivre les investissements sur le Plan rail.

Il faut une voie nouvelle

En revanche, explique la Région pour répondre à la demande des écologistes, le simple aménagement de la voie actuelle Tours-Bordeaux ne répond pas aux besoins de Midi-Pyrénées. « Alors que la quasi totalité des métropoles régionales se situera à moins de 3 heures de Paris en TGV, - Strasbourg et Nantes, à moins d'une heure cinquante - que serait l'avenir de notre région si Toulouse restait la seule grande ville de France desservie en près de 4 heures comme certains le réclament ? De plus, seule une voie nouvelle, en ouvrant une capacité de 250 trains quotidiens supplémentaires, permettra de construire une vraie complémentarité entre une desserte TGV, les dessertes TER et le développement du fret, avec 32 TGV par jour », conclut Martin Malvy.


Le Lot-et-Garonne n'a toujours pas voté

Ni oui, ni non. Le Lot-et-Garonne se donne des airs de campagne normande lorsqu'il s'agit de Ligne à grande vitesse. Si le conseil général a voté, en 2009, une résolution de principe actant sa participation au financement de la nouvelle ligne Tours-Bordeaux, il a finalement ajourné la délibération qui devait l'entériner officiellement. C'était en novembre dernier. Depuis, la LGV n'est pas revenue à l'ordre du jour, et n'est pas programmée. Il faut dire qu'il y a deux ans déjà, le président du conseil général, Pierre Camani (PS) avait voté en faveur de la LGV sur fond de polémique sur la douloureuse question des transferts de charges de l'État vers les départements et de polémique sur les compensations financières jugées trop faibles. Deux ans plus tard, la fronde des collectivités gagnant, le Lot-et-Garonne n'a toujours pas officialisé sa participation. Aux associations de riverains et de citoyens opposés à la construction d'une ligne nouvelle, s'est ajoutée une association d'élus, ALTernatives LGV, emmenée par Raymond Girardi (vice-président du conseil général, apparenté PC) : « Au début, nous n'étions que deux conseillers généraux à nous opposer à la LGV. Depuis, nous devons être 7. » ALTernatives LGV a fait réaliser une expertise par un cabinet indépendant ariégeois qui chiffre à 800 millions d'euros le coût réel de l'aménagement des voies ferrées existantes pour y rouler à 220 km/h, contre 4 milliards d'euros pour la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse. Prochain objectif du front anti-LGV, une étude comparative complète entre aménagement de l'existant et LGV : « Nous bouclons le financement évalué à 75 000 €», confiait hier Raymond Girardi. « Le conseil général verse 30 000 € et fera partie du comité de pilotage de l'étude, avec les élus, les associations de citoyens, l'État et la région Aquitaine. » L'étude en question pourrait être publiée d'ici fin 2011 : « Avant l'enquête d'utilité publique… »

J.Sch.


La Région vote mais veut être entendue

Si l'assemblée régionale a adopté hier la convention de financement de la LGV, la séance plénière a été l'occasion de relever des prises de positions nuancées de la part des différents groupes politiques. Adoptée par 56 voix, la convention a recueilli quinze votes contre ainsi que dix-neuf abstentions. Parmi les abstentionnistes, le groupe du Parti Radical de Gauche (PRG) a fait entendre sa voix. « Nous réaffirmons notre soutien à la réalisation de la ligne à grande vitesse mais nous attendons encore des garanties de la part de Réseau Ferré de France sur le futur tracé Bordeaux-Toulouse. Délibérer aujourd'hui sur la convention de financement était mal venu car cela nous privait d'un moyen de pression auprès de RFF qui doit à tout prix entendre les revendications des riverains et des populations » a expliqué hier, Sylvia Pinel, conseillère régionale et chef de file du groupe PRG à la Région. Une position en tout point similaire à celle du conseil général de Tarn-et-Garonne qui attend des avancées de la part de RFF.

Un amendement "Ségolène Royal"

Le groupe PS de l'Assemblée régionale a de son côté apporté ses voix alors que Martin Malvy a fait rajouter in extremis un amendement « Ségolène Royal ».

La présidente de la Région Poitou-Charentes a en effet remis en cause sa contribution de 95 M€ à la construction du même tronçon Tours-Bordeaux et propose à l'état un prêt remboursable. L'amendement adopté hier stipule donc que si Ségolène Royal obtient gain de cause, Midi-Pyrénées reviendrait sur son acceptation et lui emboîterait le pas.

De son côté, le maire UMP de Tarbes et président du groupe Républicains & Territoires à la Région, Gérard Trémège, a fait voter les neuf élus en faveur de la convention de financement en rappelant que les 102 M€ que la Région sera appelée à verser pour la LGV seront financés à 100 % par la TIPP Grenelle. Les seuls à avoir voté contre restent les élus d'Europe Écologie - Les Verts. Le groupe politique a continué à militer pour un aménagement des voies existantes entre Tours et Bordeaux afin de limiter les impacts sur l'environnement et la biodiversité. Argument auquel Martin Malvy a répondu que le trajet Toulouse-Paris s'en trouverait rallongé d'une heure passant de trois à quatre heures de trajet. François Simon (EE-Les Verts) a aussi souligné qu'« au-delà de 250 km/h, le TGV générait une consommation et des nuisances sonores considérables ». Malgré cette opposition, arithmétiquement ce vote contre n'a en rien changer le résultat du scrutin qui a validé le financement.

Gil Bousquet


Tours-Bordeaux : le chaînon indispensable

Le projet « LGV Sud Europe Atlantique » consiste à construire une ligne nouvelle entre Tours et Bordeaux pour y faire circuler des TGV à plus de 300 km/h. De fait, la ligne la ligne actuelle se trouvera libérée pour ainsi accueillir davantage de trafic fret et de trains régionaux.

À terme, cette liaison doit se prolonger vers la péninsule ibérique, pour rejoindre Madrid et Lisbonne. Il s'agit d'un maillon indispensable pour assurer la connexion des régions du sud atlantique avec le réseau nord européen à grande vitesse, en desservant notamment Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam.

Le projet est étudié en deux phases : Angoulême-Bordeaux et Tours-Angoulême. Mais, pour cette opération, on reste dans un cofinancement d'un type tout à fait nouveau qui peut-être aussi la porte ouverte à des surenchères. 57 collectivités sont concernées : régions, départements et agglos d'Aquitaine, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Limousin et Centre !

La Dépêche du Midi du 010311

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