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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 06:43

TGV_1300.jpgLe «chantier du siècle» prend forme petit à petit à La Couronne Face à la machine LGV, des riverains devront partir ou laisser une partie de leur jardin, voire du sous-sol Mais pas à n'importe quel prix.

Des jardins coupés, des maisons condamnées, des sous-sols confisqués, des démarches administratives compliquées: bienvenue de l'autre côté du chantier de la LGV. «Ils sont comme des chevaux de course, ils foncent droit devant. Pas moyen de discuter.» Comme ses voisins propriétaires d'une quarantaine de maisons route de Claix, Jean Métivier se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment.

Avec sa femme Yvette, il a quitté le stress de la vie parisienne pour s'installer dans la tranquillité de la campagne charentaise il y a huit ans. Ils ont rénové leur pavillon de plain-pied, mais leur paisible retraite est en train de basculer. Il y a dix-huit mois, le cauchemar commence. Le couple de retraités est informé que Coséa, chargée du chantier, voulait racheter 176m2 de leur parcelle pour y installer leurs engins de construction le temps des travaux.

Premier coup dur. Mais pas le dernier. En octobre dernier, une seconde enquête a estimé que la construction nécessiterait une emprise foncière plus large. «Des géomètres ont débarqué sans prévenir. Ils ont délimité avec des piquets ce qu'ils voulaient: 370m2. On ne pourra plus garer la voiture derrière.»

Les Métivier ne sont pas les seuls dans ce cas. Sur la quarantaine d'habitations, une dizaine est encore dans l'impasse. A deux maisons de chez eux, Jean-Claude Magniet est très remonté. «On me propose 128.000 euros pour le rachat de ma maison. Mais je vais retrouver quoi avec ça ? Faut espérer 200.000€ pour une maison sur La Couronne. Tant qu'on ne me donne pas suffisamment, je reste là. Je préfère sortir les pieds devant !»

Quelques-uns ont fini par céder face à l'irrémédiable. Un des habitants de la route de Claix a obtenu la somme juste suffisante pour une autre maison sur La Couronne. Le principal sentiment qui domine ? Le soulagement d'en finir avec cette histoire.

D'autres ont fini par retrouver le sourire, comme Jocelyne Denis. Satisfaite, elle, de la rencontre hier matin avec la juge de l'expropriation, venue rencontrer ces riverains à la mairie avant de les accompagner chez eux.

 

Sous-sol à Coséa, surface aux propriétaires

 

Pour Jocelyne, la négociation a été «avantageuse». Hors de question pour elle et son mari, malade, de quitter leur maison. Elle préfère concéder 300m2 de son jardin pour 14.000€ avec remises et arbres fruitiers inclus. «Cerise sur le gateau», elle a obtenu la pose de double-vitrage sur ses dix fenêtres et une porte-fenêtre aux frais de Coséa.

Jean Métivier espérait aussi une avancée. Mais la juge a aussitôt douché ses espérances hier : «Il n'y aura pas aujourd'hui de négociations sur les emprises totales».

Amer lot de consolation, sur l'emprise supplémentaire réclamée en octobre, Coséa n'a besoin que... du sous-sol ! «Pour les travaux d'assainissement, mais le terrain est laissé à votre disposition», rappelle une consultante chargée de multiplier les réunions pour trouver une solution.

«On ne pourra plus planter d'arbres !», s'emporte Jean Métivier. . Plutôt que de voir son jardin divisé de moitié, il préfère partir. «On ne se sentira plus chez nous. Ils pourront aller dans notre jardin comme ils voudront. On préfère qu'ils prennent tout.» Mais pas à n'importe quel prix. Leur maison a été évaluée à 140.000€. Bien en dessous du prix auquel ils l'ont achetée en 2004. «On aimerait recevoir au moins 180.000€. Mais au lieu de négocier avec nous, c'est la procédure. On n'a pas les moyens de rivaliser avec eux.» Pour les riverains, c'est David contre Goliath.

Mais contrairement à la légende, l'issue du combat ne fait pas beaucoup de doute.

La Charente Libre

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