Nicolas Sarkozy s'est dit "ému" et "reconnaissant" de la mobilisation des militants de son parti pour mener à bien la souscription lancée en juillet dernier après l'invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. 11 millions d'euros ont été récoltés en deux mois. Le parti avait jusqu'au 30 septembre pour rembourser cette somme aux banques créancières, essentiellement la Société Générale.
Le montant moyen des dons s'est élevé à 85 euros, selon la trésorière du parti, Catherine Vautrin, le maximum légal étant de 7.500 euros. Le 4 juillet, dès l'annonce de la décision du Conseil constitutionnel d'invalider le compte de campagne de M. Sarkozy pour la présidentielle de 2012, le parti avait lancé une souscription, devenue vite un succès. Vingt-six jours plus tard, près de 80% des 11 millions avaient été récoltés, mais ce n'était pas assez pour honorer l'échéance du 31 juillet accordée. Un délai supplémentaire avait alors été accordé jusqu'au 30 septembre.
"Que chacun d'entre vous sache combien je suis reconnaissant de cette mobilisation qui m'a autant surpris qu'ému... Merci à vous tous. NS", a écrit l'ancien président sur son compte Twitter.
C'est Jean-François Copé qui a annoncé ce dimanche la réussite de la souscription communément appelée "Sarkothon." "En huit semaines, l'UMP a réalisé la plus importante collecte jamais réalisée par un parti politique sous la Ve République et je suis heureux de vous le dire aujourd'hui, cette fois, c'est fait et nous avons atteint les 11 millions d'euros nécessaires", s'est félicité le président de l'UMP lors d'un rassemblement des jeunes de son parti au Touquet. Remerciant chaudement les partisans de l'UMP, M. Copé a également souligné la participation de non-adhérents du parti, exprimant sa "reconnaissance" à "ceux qui ne partagent pas nos idées, qui ont voulu dire que la démocratie, c'est une UMP forte, engagée, mobilisée pour des valeurs qui sont celles de la France éternelle".
L'UMP doit rembourser 11 millions par an d'ici 2017
Si Mme Vautrin juge "exceptionnel" le succès de la souscription, elle a insisté dimanche, auprès de l'AFP, sur le fait que cela "obligeait" le parti "vis-à-vis de ses donateurs". "Cela nous oblige car l'attente de nos concitoyens est grande" dans la situation actuelle du pays, a-t-elle estimé.
Pour l'UMP, qui avait déjà dû emprunter en juin 2012 à un pool bancaire quelque 55 millions d'euros après la baisse du financement public - de 35 à 20 millions d'euros - consécutif à son recul aux dernières législatives, l'invalidation du compte de la présidentielle avait été un coup dur. Cete dette représente 11 millions d'euros à rembourser chaque année d'ici 2017. Pour autant, malgré ce poids en moins, Mme Vautrin ne veut pas relâcher les efforts de collecte de dons, dans la mesure où le versement du financement public n'interviendra qu'en février prochain.
"On a réglé un problème, mais d'ici février, il faut continuer", a-t-elle dit, en soulignant qu'elle veillerait à relancer les élus UMP afin qu'ils versent bien leur participation mensuelle au parti.
Une facture salée pour l'Etat
Cette générosité des militants aura un coût pour l'Etat : en effet, les dons aux partis politiques sont en partie déductibles de l'impôt sur le revenu. En clair, si une personne a décidé de verser 100 euros à l'UMP, elle pourra bénéficier d'une réduction d'impôt de 66,66 euros, à condition qu'elle soit imposable. Ce qui signifie que sur les 11 millions d'euros collectés par l'UMP, l'Etat pourrait perdre jusqu'à 7,3 millions d'euros de recettes fiscales. A noter toutefois que les (très) généreux donateurs ne pourront déduire au maximum "que" 9900 euros car les dons aux partis politiques ouvrant droits à un tel avantage sont plafonnés par foyer fiscal à 15.000 euros.