La profession tire un signal d'alarme sur l'approvision-nement des chantiers. Avec la LGV, les besoins vont grimper.
La carrière de Cemex granulats Sud-Ouest à Avensan, dans le Médoc, a reçu jeudi l'un des prix 2011 de la démarche environnementale.
L'Unicem, l'organisme professionnel du secteur, a récompensé une carrière qui dès son ouverture en 2008 s'est engagée dans le respect de l'environnement : voies d'accès en enrobé pour éviter les poussières, matériaux transportés sur le site par tapis plutôt que par camions, recyclage des eaux à 80 %, concertation annuelle avec la ville et les riverains.
Ce n'est pas par hasard si l'Unicem-Aquitaine a choisi Cemex pour remettre ses trophées aux sociétés de granulats ayant atteint le niveau 4 de sa charte de l'environnement. Depuis trois ans, aucune autorisation d'exploitation de nouvelle carrière n'a été accordée en Gironde.
« Notre industrie ne doit pas être seulement un sujet de controverse », explique Patrice Gazzarin, président de l'Unicem-Aquitaine. L'extraction de granulats peut se faire dans un certain respect de l'environnement et des carrières proches des chantiers limitent le déplacement de camions et donc les émissions de CO2.
Par fleuve ou mongolfière
L'enjeu est de taille pour la Gironde. Le département a besoin de près de 10 millions de tonnes de matériaux par an pour les chantiers d'immeubles, de routes, de voies ferrées. À côté de départements excédentaires comme la Dordogne et le Lot-et-Garonne, la Gironde doit « importer » 5 millions de tonnes de granulats. Si 100 000 tonnes sont arrivées l'an dernier par bateau de Norvège et d'Écosse, l'essentiel transite par les routes depuis la Dordogne et le Poitou-Charentes. Avec un coût double de celui des matériaux extraits localement. La voie ferrée ? « Pas adaptée », dit Patrice Gazzarin. La voie fluviale est sous-employée et l'Unicem n'est pas opposée au transport par montgolfière suggéré par certains.
L'impact du chantier LGV
Car il y a urgence si l'on en croit ces professionnels. « Nous allons droit dans le mur pour la production locale en Gironde si des réponses ne sont pas apportées », prévient Patrice Gazzarin. La prochaine construction de la LGV entre Poitiers et Bordeaux va en effet absorber une grande part de l'extraction du Poitou-Charentes et de la Dordogne. Or, dans le même temps, l'agglomération bordelaise (elle « consomme » 22 kg de granulats par personne et par jour) lance de nouveaux projets (Euratlantique, extension et création de lignes de tram…) qui nécessiteront des matériaux
Pour l'Unicem, seul un déblocage des autorisations pour des extractions de proximité peut combler le déficit croissant. « En Gironde, la ressource ne manque pas, nous savons réduire les impacts mais il est difficile d'être accepté par les territoires », regrette le président de l'Unicem-Aquitaine. Ultime argument : cette activité apporte des retombées économiques. Un emploi dans une carrière génère entre 4 et 7 emplois indirects.
Le Sud Ouest du 250611