Réseau ferré de France considère que le projet de 2005 est resté le même en 2012.
Au lendemain de l'envoi à la ministre de l'Écologie et des Transports Nicole Bricq, d'un recours émanant des anti-LGV de la Coordination 47 (lire « Sud Ouest » d'hier) et demandant l'annulation du tracé LGV Bordeaux-Toulouse, Réseau ferré de France (RFF) se dit « serein ».
« Il ne nous a pas échappé que le délai de cinq ans entre le débat public (qui a eu lieu en 2005, NDLR) et le lancement de l'enquête publique sur ce projet (prévue en 2013) a été dépassé. Nous sommes d'ailleurs en train de préparer un dossier pour la rentrée de septembre afin de saisir la Commission nationale du débat public. C'est elle qui décidera s'il faut lancer un nouveau débat », souligne Frédéric Perrière, directeur des études RFF. Elle décidera sur la base du Code de l'environnement.
À savoir : un nouveau débat public s'impose si les circonstances de fait ou de droit ont entraîné des modifications substantielles du projet depuis 2005. Pour les anti-LGV, c'est clair, les modifications sont significatives. Pour RFF, le projet est le même et ne nécessite pas de nouveau débat.
Des choux et des carottes
« Évidemment, le coût estimé en 2005 était de 2,9 milliards d'euros, sur la base d'euros de 2004. Sept ans plus tard, il est d'un peu plus de 5 milliards - et non de 7,8 milliards comme le répètent à tout va les opposants à la LGV -, ce qui correspond aux poussées significatives de l'inflation et des coûts. Pour avoir un ordre d'idée, les bases indiciaires ont augmenté de 25 % entre 2004 et 2009 et de 7 % entre 2009 et 2011. Il est donc évident et normal que le coût ait évolué », souligne le directeur des études de RFF.
Sur l'argumentation avancée par la Coordination 47 relative au trafic prévu en gare d'Agen, là aussi RFF a à répondre. « Ils comparent avec la gare de Valence, dans la Drôme, qui n'a pas les mêmes caractéristiques, ne serait-ce que géographiques. Ils avancent ensuite des comptes en parlant d'arrêts en gare quand nos études parlent d'allers-retours. Ils comparent des choux et des carottes… et comparaison n'est pas raison. »
Sur les retombées économiques, les anti-LGV et RFF semblent sur la même longueur d'ondes même s'ils ne l'expriment pas vraiment de la même manière. « En terme de retombées, il n'y a pas de vérité absolue. Nous avons des exemples où l'arrivée de la LGV a été suivie d'un certain dynamisme économique et nous avons l'exemple contraire », poursuit Frédéric Perrière. « Il faut garder à l'esprit que ce n'est pas l'arrivée de la LGV qui génère de l'activité, du moins sur le long terme. Ce n'est qu'un atout supplémentaire que peut utiliser le territoire pour créer une véritable dynamique. C'est aux collectivités de saisir ce catalyseur. »
RFF en reste là pour le moment, préférant avoir en main le dossier des anti-LGV transmis à la ministre. « Dès lors, nous pourrons nous prononcer sur le fond, et il n'est pas à exclure que ce dossier présente des choses intéressantes… »
Le Sud Ouest