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10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 10:40

Jean-Marc Ayrault opte au final pour un scénario plus volontariste, qui inclut la ligne Bordeaux-Toulouse. Mais compte bien sur un effort accru des élus. Comme souvent en politique, certains verront dans le discours fondateur prononcé hier par Jean-Marc Ayrault sur les investissements d’avenir le verre à moitié plein, tandis que d’autres insisteront sur le verre à moitié vide.

Concernant les projets de ligne à grande vitesse, le Premier ministre a en quelque sorte coupé la poire en deux. Comme le lui suggéraient le très récent rapport Duron et, avant celui-ci, le rapport Bianco, le chef du gouvernement a insisté sur la nécessité absolue de concentrer les deniers publics sur l’amélioration des services et des réseaux existants. Il faudra faire du neuf avec du vieux, se soucier davantage du transport quotidien du plus grand nombre.

 

Les trains Intercités seront ainsi tous renouvelés. Les transports en commun urbains sont aussi concernés. Un nouvel appel destiné à promouvoir les projets portés par les collectivités locales est d’ailleurs doté d’une enveloppe de 450 millions d’euros. Pour la rénovation des voies ferrées existantes, ce nouvel horizon ferroviaire français qui succède au tout TGV des belles années, les contrats que signeront l’État et les Régions pour la période 2014-2020 en seront le socle financier. Réseau ferré de France fourmille d’études et de plans d’amélioration du quotidien ferroviaire dans nos régions.

Mais Jean-Marc Ayrault a tout de même su écouter - pouvait-il agir autrement ? - les nombreux élus qui ont fait le siège de son bureau depuis la publication du rapport Duron, qui enterrait ni plus ni moins dans son premier scénario tous les projets de nouvelles lignes à grande vitesse.

Les projets seront désormais soumis à des études d’opportunité plus fines en termes de trafic mais certains, sur le papier, tirent leur épingle du jeu. En choisissant le scénario 2 de la commission Mobilité 21, le Premier ministre qualifie - sans surprise tant cela devenait un secret de Polichinelle - le Bordeaux-Toulouse.

 

Difficile de ne pas relier la quatrième ville de France au réseau grande vitesse, d’autant que cette agglomération a retenu au milieu des années 2000 le choix du ferroviaire plutôt que celui d’un nouvel aéroport - au contraire de Nantes.

Difficile aussi de mettre en péril le financement des travaux en cours de la ligne nouvelle Tours-Bordeaux, auquel les collectivités locales toulousaines contribuent à hauteur de 300 millions d’euros. Une paille ! Le projet Bordeaux-Toulouse est estimé à 7 milliards d’euros dans le rapport Duron.

Jean-Marc Ayrault n’est pas entré dans le détail du financement, encore moins dans celui du calendrier du projet. On peut le dire sans risque - la fourchette est large -, la livraison de la LGV Bordeaux-Toulouse interviendra entre 2020 et 2030. Le Premier ministre indique tout de même que les moyens de l’Agence de financement des infrastructures de transport (Afit) seraient augmentés de manière significative.

Il renvoie à la discussion avec les élus les questions de financement des lignes nouvelles. Une façon habile de leur dire qu’ils devront mettre la main à la poche pour la poursuite du maillage des territoires par la grande vitesse. Les intéressés s’en doutaient.

C’est au niveau du projet Bordeaux-Hendaye que le verre semblera pour le moins à moitié vide aux populations landaises, basques et béarnaises qui espèrent le TGV. Et encore plus aux élus à qui l’État demande aujourd’hui de l’argent pour financer les travaux du tracé Tours-Bordeaux.

Le rapport Duron avait repoussé aux calendes grecques le projet, compte tenu des perspectives de trafic que la voie ferrée existante peut absorber sans doute encore pour longtemps. Il savait aussi le refus basque de voir une ligne nouvelle construite au sud de Bayonne.

La ligne Bordeaux-Hendaye ne figure pas dans le scénario 2 de la commission Duron. Mais le Premier ministre a indiqué que les études des projets en cours devaient être menées à leur terme. Ce qui semble favorable à la poursuite de l’enquête devant conduire à la déclaration d’utilité publique sur les deux branches, celles de Toulouse et celle d’Hendaye. Le dossier de Réseau ferré de France est prêt. Si ces deux branches étaient au final retenues par cette enquête qui fixerait les tracés, la voie resterait ouverte pour l’avenir.

Les élus aquitains de tout bord, d’Alain Juppé (UMP, Bordeaux) à Martine Lignières-Cassou (PS, Pau), en pointe sur ce dossier rappellent le caractère insécable du projet et s’arriment à cet espoir. « Nous espérons pouvoir aller jusqu’à Dax », indiquait hier Alain Rousset, le président du Conseil régional d’Aquitaine, entre une réunion à Matignon et une seconde à l’Élysée. Cette option a été défendue, bec et ongles, par Henri Emmanuelli, le président des Landes, très actif en coulisse depuis plusieurs semaines sur ce dossier.

Le ministre des Transports donnera ou non le top à RFF dans les prochaines semaines. Il reviendra alors ensuite au préfet de région la mission de relancer le dossier sans tarder. D’ores et déjà le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques annonce une session vendredi pour faire le point sur la contribution du Département, de l’ordre de 80 millions d’euros, au financement de Bordeaux-Tours. Le Conseil général des Landes, le plus prudent, n’a toujours pas bourse déliée.

Il y aura encore bien des allers et retours entre Paris, Bordeaux, Toulouse et Hendaye sur la question de la LGV. Mais une chose est d’ores et déjà certaine : le train aura du retard.

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