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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 06:18
TGV_688.jpgLa ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux doit être mise en service fin 2016. A condition de trouver l'argent pour le faire.

La sortie est fixée : fin 2016. Le décor est planté : 302 km de ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. Le scénario est connu : il s'agit d'abord de gagner cinquante minutes sur le trajet Paris-Bordeaux, ensuite de libérer la ligne actuelle pour le fret ferroviaire, enfin d'accélérer la liaison européenne vers l'Espagne (d'où le vocable LGV-SEA, pour « Sud-Europe-Atlantique »). Le metteur en scène a été choisi : le groupe Vinci piaffe d'impatience avant la signature officielle de la concession, le 16 avril prochain.
Il ne manque que l'acteur principal : l'argent.

'' Le projet est de la stricte compétence de l'État ''

Un quart des 57 collectivités locales sollicitées se fait prier pour mettre la main au portefeuille. C'est le cas de la région Centre, du conseil général d'Indre-et-Loire et de l'agglomération de Tours. « Cette ligne qui est d'intérêt européen et qui servira surtout à relier Paris à Bordeaux n'apporte pas grand-chose à notre département qui est déjà relié à Paris par le TGV, estime Marisol Touraine, députée et présidente du conseil général. Je ne vois donc pas pourquoi nous aurions à subventionner la LGV. Pour le conseil général, c'est non ! »
En Poitou-Charentes, trois collectivités ont carrément refusé de payer : les agglos de Saintes et Niort et le conseil général des Deux-Sèvres. Une quatrième, et non des moindres, fait de la résistance. Au nom de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal a proposé à l'État de verser les 103 M€ attendus sous forme d'une avance remboursable, « puisque le projet est de la stricte compétence de l'État ». Une proposition jugée « inacceptable » par François Fillon. La ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet menace même de tout arrêter.
Plus au sud, en Midi-Pyrénées et en Aquitaine, on attend le résultat de ce nouveau bras de fer. Si la proposition de Ségolène Royal était acceptée, on voit mal ses homologues payer sans rien dire. La présidente de Poitou-Charentes se dit confiante : « C'est enclenché, mais l'État ne veut pas le dire publiquement pour l'instant. »
C'est vrai qu'on voit mal comment l'État et Réseau Ferré de France pourraient reculer maintenant. Le groupe Vinci a déjà construit à Poitiers un bâtiment destiné à accueillir 450 collaborateurs. Les entreprises locales font le forcing pour obtenir des contrats de sous-traitance. Les candidats aux cantonales ont fait miroiter les centaines d'emplois induits par le projet. En Charente et dans la Vienne, les propriétaires terriens ont reçu les documents qui précisent les modalités d'indemnisation. Dans la campagne, sondages, fouilles archéologiques et autres chantiers de déboisement préfigurent le passage de la future ligne. Tout le monde attend le clap de départ.

le chiffre

4

C'est le nombre des financeurs de la LGV-SEA, dont le coût était estimé en 2009 à 6,7 milliards d'euros : les 57 collectivités locales (1,48 milliard), l'État (1,5), le groupe Vinci (1,95) et Réseau Ferré de France (1,76).

repères

Les chiffres-clés

> 50. La durée en années de la concession de la ligne attribuée à Vinci par RFF.

> 302. Les kilomètres de ligne entre Tours et Bordeaux.

> 117. Le nombre de communes traversées dans six départements et trois régions.

> 450 salariés travailleront pour Liséa au siège officiel du chantier, à Poitiers.

> 400. Le nombre d'ouvrages d'art, dont 19 viaducs et 7 tranchées couvertes.

> 50. Les millions de m 3 de déblais à ôter du passage.

> 13.000. Les supports de caténaires.

calendrier

Déjà du retard sur l'échéancier

Le calendrier prévisionnel de la LGV-SEA tel qu'il était prévu jusqu'à ces derniers jours.

> Avril 2011 : bouclage du financement et signature officielle du contrat de concession au groupement Lisea (cette échéance est pour l'instant reportée au mois de mai).

> Fin 2011 : début des travaux sur tout le tracé.

> 2016 : essais de la LGV.

> 2017 : mise en service.

La phrase

« La région Centre, dont je suis le vice-président, a voté un engagement de financement mais personnellement je suis contre. »

Jean-Michel Bodin, vice- président communiste de la région Centre chargé des transports et des infrastruc- tures, confirme que la majo- rité de gauche à laquelle il appartient (le socialiste François Bonneau est prési- dent de la région Centre) a bien voté un « engagement à financer » la LGV à hauteur de 16,5 M€. Mais il ajoute aussitôt qu'il considère ce projet d'intérêt national, voire international et que la Région n'a pas à le subven- tionner. Sur ce point, il re- joint la présidente... socialiste du conseil général d'Indre- et-Loire (lire ci-contre).

La Nouvelle République du 210411

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