Au terme d'âpres négociations, Réseaux ferré de France (RFF) a signé, jeudi, le contrat de concession de la LGV qui reliera Tours à Bordeaux en 2017. Le projet est désormais officiellement sur les rails mais Lisea - le concessionnaire - n'a pas attendu cette étape formelle pour préparer le terrain. La semaine passée, une réunion d'information était organisée à la CCI Touraine. Il s'agissait d'encourager les PME d'Indre-et-Loire à répondre aux marchés correspondant à la conception, la construction puis la maintenance des 300 km de la future ligne à grande vitesse. « Tout est en marché privé, a annoncé Stéphane Brondino, directeur opérationnel du chantier. Il n'y a pas de taille minimum, ni maximum ; c'est ouvert ! » La sous-traitance représentera 20 % du chantier.
Objectif zéro accident
Les marchés portent sur la démolition, le déboisement, mais surtout le génie civil et le terrassement qui devraient à eux seuls représenter 1.300 embauches locales. « Il suffit de vous inscrire à la CCI, a précisé le responsable aux entrepreneurs présents. Nous consulterons régulièrement les listes ; comme il faudra être réactif au fil du chantier, la proximité est un atout certain ! ». La déviation des réseaux est confiée aux concessionnaires (France Télécom, ERDF...) qui devraient eux aussi faire appel aux PME locales.
Dès 2012, 350 personnes seront sur le chantier pour des postes de maçons, coffreurs et conducteurs d'engins. « La sécurité sera un critère déterminant : nous visons le zéro accident », annonce Stéphane Brondino. Le secteur électrique sera sollicité à partir de 2014.
L'insertion sera mise en avant, avec 10 % des heures travaillées réservées aux personnes éloignées de l'emploi. « Il peut s'agir de quelqu'un n'ayant pas travaillé depuis un an, a précisé Martine Bellemere-Baste, directrice de la Direccte. Toutes les offres seront centralisées par Pôle emploi 37 qui va mettre en place un site Internet dédié. » Avec la simultanéité du tram de Tours, les conducteurs d'engins seront précieux. Des formations sont déjà engagées avec l'Afpa et des aides du conseil régional.
Outre les emplois directs, l'installation d'une base de travaux à Nouâtre générera des retombées pour le logement, la restauration et même les loisirs des employés. Au plus fort du chantier, 4.000 personnes seront présentes sur l'ensemble du tracé, dont plusieurs centaines dans le département.
repères
Lisea signifie Ligne Sud Europe Atlantique. Créée pour l'occasion, l'entreprise concessionnaire de la LGV pour cinquante ans est détenue à 80 % par Vinci et à 20 % par Axa et la Caisse des dépôts. Elle se décline en Cosea pour la conception (déjà 300 personnes embauchées) et en Mesea pour la maintenance.
le chiffre
1
Un milliard d'euros,c'est le montant minimum du budget LGV revenant à la sous-traitance, selon Stéphane Brondino, directeur opérationnel du chantier LGV. « Maintenant, il n'y a pas de frontières : aux entreprises d'Indre-et-Loire de se saisir du dossier, et que le meilleur gagne ! » Le montant total du chantier tournera autour de 8 milliards d'euros, essentiellement dans les travaux publics. Premiers coups de pelle à la fin de l'année.
la question
'' Quelle durée pour les contrats de travail de nos salariés lors du chantier ? ''
Claude Paris, président du Medef Touraine, se soucie de la forme juridique des contrats pour un chantier limité à deux ou trois ans, selon les métiers. La directrice de la Direccte, Martine Bellemere-Baste, souligne l'existence des contrats de chantier, « créés à cette fin ». Dans le cadre de l'anticipation des départs à la retraite, elle estime aussi que la LGV peut permettre un prérecrutement de nouveaux salariés. Enfin, le transfert de compétences, une fois le chantier achevé, doit être envisagé. Philippe Roussy, PDG de Savoie Frères, s'est inquiété de la pénurie possible suscitée par le chantier LGV, dans certains domaines d'expertise. Et là, il n'y a que peu de parade, « on n'a pas de chasseurs de tête, mais on ne refuse pas les gens ! », annonce Cosea.
en bref
Le conseil général maintient son non
Campant sur la même position que Claude Roiron, Marisol Touraine, présidente du Département, refuse de régler la facture pour la LGV.
CCI : pour une halte
en Touraine
S'il ne parle plus de 3 e gare, « car on voit tout de suite les verrières de celle de Tours », Serge Babary, président de la CCI, milite pour une halte LGV en Indre-et-Loire, « comme le TGV à Vendôme ».